Position du syndicat CGT sur La réorganisation du Pôle solidarités
Le pôle solidarités connaît depuis plusieurs années des réorganisations en cascade qui insécurisent les équipes et leurs cadres, conduisent à la dégradation des conditions de travail et à une perte de sens qui porte atteinte à l’éthique des agents des services concernés. La conséquence en est la démotivation et l’épuisement des agents, la fuite des personnels vers d’autres employeurs, et le manque criant d’effectifs.
La nouvelle réorganisation est d’une ampleur sans précédent qui s’apparente à un raz de marée entrainant tout sur son passage et détruisant toute l’organisation actuelle du travail. Cette fois ni les agents, ni leurs cadres hiérarchiques n’ont été consultés pour penser le nouveau projet et tous sont mis devant le fait accompli. Les groupes de travail constitués à la hâte sont sommés de mettre en œuvre en quelques mois des décisions déjà prises.
Les objectifs de cette réforme des services sont clairs :
Il s’agit de faire des économies à tous prix, et principalement de réduire le nombre d’agents fonctionnaires au département. Nous étions 7 800 agents il y a 5 ans, nous sommes passés sous la barre des 5 000 (4 800) actuellement, et les projets de départ sont nombreux.
Le document soumis au vote du CT évoquait un « contexte budgétaire contraint imposé par l’Etat ». Il se garde d’évoquer l’excédent budgétaire du département qui se porte à 400 millions sur les trois dernières années. Le préfet qui détermine combien le Conseil départemental peut dépenser chaque année, a autorisé 14 millions d’euros et le Département a choisi au contraire de baisser ses dépenses de fonctionnement de 6 millions d’euros. Il y aurait donc largement de quoi embaucher, au contraire.
Le découpage en 13 Services n’obéit qu’à la seule logique des opportunités immobilières du département. Il pousse l’absurdité jusqu’à prévoir un SST 1 constitué d’une seule commune (Villeneuve la garenne) qui compte 25 000 habitants et un SST 8 de 8 communes, soit 232 000 habitants au total, avec le même taux d’encadrement (1 chef de SST et 3 responsables d’unité). Où est l’égalité de traitement des usagers dans ce projet ? De plus l’aberration est poussée jusqu’à prévoir un découpage territorial qui parie sur des projets immobiliers non finalisés avec des acquisitions de locaux et des déménagements prévus dans plusieurs années pour certains. Cela va conduire à former des SST de taille extrêmement variable dont certaines équipes seront réparties sur plusieurs sites, de façon provisoire, et mixées avec d’autres SST.
L’organisation prévue en trois unités accueil, évaluation et accompagnement ne répond en rien à l’intérêt des usagers. Elle crée un nouveau cloisonnement : celui de l’équipe administrative d’un côté (unité accueil) et des travailleurs sociaux et médicaux de l’autre (unités évaluation et accompagnement).
La fusion des équipes ASE, EDAS, PMI, APA destinées à se répartir dans les pôles évaluation et accompagnement crée un gommage des spécificités métiers et nie les compétences, expertises et spécificités de ces services et métiers. L’argument d’un possible accès à de la formation pour permettre aux agents de devenir compétents sur tout est fallacieux. Même avec une formation tout le monde n’est pas fait ni ne désire pas travailler auprès de publics aussi divers que des enfants victimes d’inceste ou de violences physiques, des jeunes femmes enceintes, des bénéficiaires du RSA, des personnes âgées, des SDF… Si les agents sociaux et médicaux sociaux sont réellement appelés à exercer l’ensemble de ces missions, il s’agit d’un changement radical de mission ce qui nécessitera impérativement de nouvelles fiches de postes et des passages en CAP. Quant à la promesse, qui se veut rassurante, que les cadres distribueront les dossiers en fonction des profils et compétences de chacun, on sait ce que cela donnera dans un contexte d’urgence ou de sous-effectif.
La réorganisation est menée au pas de charge, sans que rien de concret et tangible ne soit réellement présenté aux agents. Les cadres savent d’ores et déjà qu’ils devront tous re-postuler dans l’espoir d’être replacés soit comme l’un des 13 chefs de services qualifiés de préfigurateurs, soit comme responsable d’unité. Ils ne savent actuellement ni où ils vont travailler ni à quels missions. Ils vont devoir encadrer des équipes sur des missions transverses aux anciennes PMI ASE EDAS et APA, ce qui montre bien qu’ils ne sont attendus que sur des fonctions de managers et non comme experts et soutien technique à leurs équipes. On leur promet « qu’il y aura de la place pour tout le monde » ce qui est possible compte tenu des départs en cascade des cadres du département. Mais avoir une place est-ce suffisant, si cela signifie accepter n’importe quel poste et n’importe quelles conditions de travail. On leur demande de rassurer leurs équipes alors qu’ils sont eux-mêmes dans l’incertitude la plus totale et de mener au pas de charge une réforme qu’ils n’ont pas décidée. Charge à eux de se convaincre et de convaincre leurs équipes de mener un projet flou, imposé d’en haut et absurde tant dans son découpage territorial que dans son organisation en dogmatique polyvalence.
On demande aux agents médicaux et sociaux de se positionner pour une unité évaluation ou accompagnement sans lisibilité sur ce que cela va impliquer sur leur résidence de travail, changement d’encadrement et d’équipes de travail etc… Les agents administratifs se demandent qui va être sélectionné pour faire partie des super héros que semblent être les « GOS » capable de tout accueillir tout évaluer et tout orienter et les autres qui se demandent quels vont être leurs missions, leur cotation de poste, leur régime indemnitaire, leur lieu de travail…
Cette réorganisation n’est pas, comme on nous le dit, menée dans l’intérêt de l’usager mais bien au détriment de ce dernier. Les mutualisations qui s’enchainent réduisent toujours plus le nombre et la proximité des services sociaux et médico-sociaux départementaux proposés aux habitants des Hauts- de-Seine. Les premières expérimentations d’externalisations de services dans des lieux d’accueils non départementaux ne sont guère rassurantes : agents qui se promènent d’un lieu à l’autre avec leur matériel, jeunes femmes contraintes d’allaiter leurs enfants dans une salle d’attente de mairie, confidentialité de l’accueil absolument pas respectée…
Les soi-disant atouts des moyens modernes de communication et de gestion de dossier, ne font qu’aggraver la situation : la fracture numérique éloigne de l’ouverture de leurs droits les personnes les plus en difficultés. Que vont devenir les bénéficiaires du RSA qui s’adressent aujourd’hui aux Insertions pour être aidés à conduire leurs démarches en ligne ? Et les orientations des appels téléphoniques via la GRC conduisent à de mauvaises orientations d’appels et une baisse du nombre des demandes qui arrivent sur les services.
Pour toutes ces raisons, nous nous sommes positionnés contre ce dossier car cette réorganisation n’est pas du tout adapté aux besoins des usagers des services du pôle solidarités du département.