Le Département des Hauts-de-Seine sur la sellette !
Le Département des Hauts-de Seine est sur la sellette, suite au rapport de l’IGAS sur la protection de l’enfance, et à l’accablante émission de France 3 « Pièce à conviction » du 27 janvier 2021.
Et pourtant, le Comité Technique du 4 février 2021 a entériné 7 points de poursuite de la réorganisation du pôle solidarités. Cela malgré notre opposition. Nous sommes hélas le seul syndicat à avoir voté contre.
Le dossier d’ajustement de l’organisation du pôle solidarités, proposait un recours à des chargés de projet, chargés de mission et développeurs.
Ces nouveaux postes interviennent alors que le bilan d’une réorganisation dont nous avions dès le départ dénoncé les incohérences, continue chaque jour à s’alourdir.
Au détour de la présentation de l’embauche de 12 développeurs sociaux (et non 13, comme les 13 SST) que nous apprenons, oralement que les Services des Solidarités Territoriales 3 et 4 sont appelés à fusionner ! Cela est présenter comme acquis alors que ça n’a pas été voté en CT et que les agents concernés ne sont pas au courant !
Des services sont sans cadres depuis des mois, bénéficiant au mieux d’un intérim tournant.
Tous les services souffrent globalement d’une hémorragie de personnel. La grande majorité des agents issus de l’Aide Sociale à l’Enfance sont partis, et les équipes actuelles ne bénéficient plus de leur expérience et sont en sous-effectif. La disparition des Chargés de prévention est à ce titre une nouvelle catastrophe. Ils étaient les derniers recours des partenaires sans nouvelles de leurs informations préoccupantes depuis des mois, ils animaient des actions de prévention collective et d’information des partenaires sur la protection de l’enfance qui ne sont plus dans les missions des développeurs et tout cela est bien dommageable.
La polyvalence des fonctions est une absurdité que nous avons également dénoncée dès le début du projet de réorganisation. Elle est en grande partie responsable de la fuite des personnels, qui n’ont pas accepté de voir leurs spécialités niées et d’être contraints à des missions qu’ils n’avaient pas choisies et pour lesquels ils ne se sentaient aucune appétence ni compétence. Si l’accueil en équipes pluridisciplinaires et la notion de guichet unique sont acceptables, la confusion des fonctions est une erreur fondamentale dont agents et usagers paient aujourd’hui le prix. Là encore, le rapport de l’IGAS est explicite : la polyvalence des fonctions est dans une logique inverse de celle des Yvelines, qui tient à ce que la structuration par métiers soit conservée et à ce que la mission particulière de l’ASE continue à être singularisée.
Par ailleurs, alors que la loi exige d’assurer la continuité du parcours des usagers et la mise en place de référents uniques, le recours actuel à l’intérim dans les services du pôle solidarités va à contre-sens. Les intérimaires sont au mieux débutants et au pire non formés. Ils ont accès aux dossiers des usagers alors qu’ils ne font que des passages éclair dans les services, et les reçoivent parfois au mépris des règles les plus élémentaires de confidentialité. Certains partent sans avoir effectué le travail pour lequel ils ont été engagés, mais en ayant eu accès à des données ultra privées. Quelles sont les conséquences de cela pour les usagers de nos services : des dossiers non traités qui s’accumulent, des enfants sans référents depuis des mois, un turn-over des référents totalement insécurisant pour les personnes suivies, des Informations Préoccupantes non traitées et des agents en très grande souffrance, une fuite de personnel qui se poursuit.
Dans ce contexte, qui va participer aux actions sensées être initiées par les chargés de mission, les développeurs, et qui pourra porter les projets sur le terrain alors que les missions essentielles ne sont plus correctement effectuées ?
Enfin, le document fait état de la création d’un référent pour les lieux d’hébergement. Mais qu’en est-il du scandale des mineurs à l’hôtel ? Quelles dispositions vont être prises pour qu’il y soit mis fin comme semble le demander le gouvernement, suite à l’émission du 28 janvier sur FR3 ? Rappelons que les foyers Colbert, Rueil, Villeneuve… ont été fermés malgré l’opposition de notre syndicat et des personnels.
Nos revendications :
Nous demandons la recréation de foyers départementaux pour les adolescents, garçon et filles et jeunes mineurs et la fin des placements en hôtel. Les risques multiples (violences, prostitution…) que cela leur fait encourir sont inadmissibles.
Nous demandons également, à l’instar des préconisations du rapport de l’IGAS, que l’état exact des effectifs actuels soit rendu lisible pour tous, et qu’il soit procédé au plus vite aux recrutements nécessaires.
Le recours aux intérimaires doit cesser.
Nous sommes opposés à la suppression des postes de chargés de prévention.
Puisque le rapprochement et l’harmonisation entre les deux départements semble être toujours d’actualité, nous demandons le retour à la logique de métiers et à la préservation de la spécificité de la mission protection de l’enfance, comme cela se fait dans le 78. Cela permettrait peut-être de rendre de nouveau attractifs les postes de cadres et travailleurs sociaux au département et donc d’éviter le recours aux intérimaires.
A lire également :
- L’article de presse de Libération paru suite à l’émission Pièces à conviction de France 3 (accessible aux abonnés)
- Le communiqué de presse Xavier IACOVELLI et Florence PROVENDIER
- La lettre ouverte de Jérome Beaury, directeur adjoint en charge de l’aide social à l’enfance au sein du Conseil départemental du Calvados en réponse à Lyès Luffok